mercredi 29 mai 2013

PALERMO - Via Maqueda.... Volet Nr. 2

 
 
 
Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta... Volet Nr. 2
 
PALERMO - Via Maqueda.... Volet Nr. 2 
   
(Français/Deutsch)
 

 
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L’arrivée la nuit à la stazione… 23h tapantes.
Et devant nous… se dessine la Via Maqueda, la somptueuse artère noire et sublime, la plus belle avenue baroque… de Palermo !
 
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Le premier ange noir, confortablement posé… veille déjà sur les visiteurs…
 
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Eine der schönsten Avenuen der Altstadt von Palermo ist zweifellos die Via Maqueda, genannt nach dem Duc de Maqueda. Paläste und Kirchen säumen in herrlichem Barock diese Arterie, welche sich am Quattro Canti mit der Corso Vittorio Emanuele schneidet und die Stadt in vier Bezirke aufteilt. Nach langer Zeit, teilweise schon restauriert, üben diese alten prächtigen Fassaden eine unwiderstehliche  Faszination aus, sie sind ein Teil der Geschichte von Palermo und Sizilien überhaupt!
 

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Das blendende Sonne von Palermo schafft zwischen Licht und Schatten reiche Kontraste; die wuchtigen Balkone, mit ihren oft geschwungenen Schmiedeeisengittern, um die damaligen weiten Röcke der Damen zu empfangen, die vielen Ornamente und Skulpturen, welche das Eingangstor und die Fenster schmücken und bereichern, geben einen Eindruck von dem architektonischem Können,  der Feinheit und der Ästhetik des Stiles. Bekannte Architekten wie.. wurden von den aristokratischen Familien beauftragt, hier ihr Talent zu beweisen… man kann  sich nur glücklich schätzen, diese  prachtvollen Bauten und Werke heute noch bewundern zu können
 
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Viele verlassene Paläste, mit der Zeit verfallen, sind bereits wieder restauriert worden! Der außergewöhnliche Reichtum dieser Stadt, welche einmal eine der glorreichsten der Welt war, kann man nur ahnen… und nur langsam, mit Geduld, liest man ihre Geschichte aus den noch bleibenden Wunden von Palermo, teilweise auch von Bomben des zweiten Weltkrieges 1944 beschädigt… Diese Narben sind noch nicht geheilt… es braucht  Zeit!
           
 
Vous arpenterez la Via Maqueda, qui porte le nom d’un prince, Bernardino de Cardines, duc de Maqueda (1593-1597), vice-roi de Sicile 1598-1601…   jusqu’à la Piazza Bellini.… Cette nouvelle artère se croisant  avec le Corso Vittorio Emanuele, au Quatro Canti, coupe les cinq quartiers de Palerme en quatre ; La Loggia, Le Cap, La Kalsa et Palais …
 

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La Via Maqueda, sombre, noyée dans une nuit sans fin, emprunte de parfums des processions ébranlées, de traces de tragédies et de joyeuses fêtes qui vous indiquent le chemin à suivre... depuis cette rue, cette artère palpitante de Palerme, on porte la Santa Rosalia, saintement chargée sur les épaules des dévots à travers la ville, vieille tradition maintenue avec émotion et... félicité.
 
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Là… où des hommes apparaissant subitement, mystérieusement, encapuchonnés de cagoules noires sur les visages, signant de leurs pas les pavés comme d’une menace imminente, rejoignent le cortège.
 
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Sainte Rosalie, la patronne de Palermo, sort de l’église dans toute sa splendeur… accueillie par la foule déferant en transe
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Partout aux murs au coin d’une rue, se blottissent des petits autels, rongés par le temps… une main fidèle y accroche une fleur fraîche… en se signant.
 
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Premier aperçu d’un frisson ressenti du mystère présent entre la vie et la mort, et que le sirocco, ce vent brûlant venu des enfers, purifie de ses flammes. corr!
 
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Palermo… fait naître des images ambiguës, fantasmatiques… ce modèle de la cour du luxe et de la largesse conjurant une malédiction hésitante… elle  cumule les fascinations que suscite l’islam, l’or et le parfum, le frôlement  des robes des femmes y sont mêlés aux odeurs du souffre enflammé qui attendent un tremblement de terre… l’ovale parfait des visages  féminins… leur maquillage savant, proche d’un mystère théâtrale… leur parfum enivrant… et toujours ce regard enflammé, prêt à attiser la vie… à la vie, à la mort… 
 
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Des balcons… et des portails,  se penchent des anges noirs, les dévotes, prises dans leur prière, les mains jointes, ou jetant des fleurs pour accueillir la procession, saluer leur Sainte et lui envoyer des baisers de la main, finissant le geste d’une croix tracée sur la poitrine. Un regard sombre dans la rue, et,  instinctivement, une belle sicilienne ouvre légèrement son décolleté avec ses mains de prestidigitatrice.
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Via Maqueda, celle qui m’a souhaité la bienvenue la première fois, que je posais mon pied à Palerme où j’osais le poser sur ses dalles de laves, encore chaudes du soleil de l’après-midi, un soir tard, la nuit avancée...
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Une nuit d’encre noire… devant l’église,  Cavalieri del Santa Sepolcro dans un petit jardin secret , entouré  d’un halo de néon bleu apparaît une vierge, elle veille sur les passant toute la nuit…
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Sur la via Maqueda, où ses balcons aux fers forgés, noirs, somptueusement arrondis, mais graciles… pour contenir les amples jupes des siciliennes d‘antan… où poussent maintenant même des oliviers… se penchent dangereusement sur vous, avec tout le poids des siècles, chargés d’histoires innombrables, de joie et de malheur, de larmes même… ils ont vu défiler les fastes processions, le tueur sauvage au couteau de la mafia, jusque la résurgence de la félicité des âmes du peuple, dévots unis et insoumis.  
 
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Vous découvrez les palais abandonnés de la noblesse… l’après- temps des Beati Paoli... de l’aristocratie déchue, appauvrie, il y a longtemps.
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Les façades somptueuses vous regardent à la dérobée de leur œil de noblesse…
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L’ombre épaisse  plane sous la voûte de l’entrée… là où se tient la clé  et les noms du mystère… les noms gravés sur des plaques de cuivres éteintes et aveugles… retenant leur souffle… pas âme qui vive, sauf  un palmier déploie  généreusement ses feuilles vers la clarté au -dessus  de lui dans la cour déserte… vigoureux, il a survécu !
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Des Palais, parfois plus proches d’une ruine, délabrés, mais restés nobles, exhibant encore avec fierté un large escalier, qui se roule en un élégant mouvement serpentin, envahi par la végétation,  qui en donnait l’accès,  et dont les larges marches  avaient accueilli autrefois des pas  royaux ou des célébrités !
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Ruines, certes,  mais toujours des ruines somptueuses à vous couper le souffle. Chaque maison ou palais a son histoire à raconter, la puisant dans les siècles passés… à voir les livres des Beati Paoli en trois tomes, vous les lierez d’une traite, tombant d’insomnie, tellement c’est fascinant.
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Les lustres, comme des revenants, éclairent encore les esprits qui hantent ces lieux somptueux les reflétant dans  leurs miroirs ternis mangés par des fleurs en filigrane… oxydés
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Sainte Rosalie, le jour devant l’église Cavalieri del Santa Sepolcro,  entourée de roses… de chèvrefeuille blanc et odorant à étourdir le passant…
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à Palermo l’homme est hanté par les images omniprésentes et puissantes qui forgent des souvenirs sur lesquels on se retourne plusieurs fois pour y croire, transporté dans ce lieu enchanteur… on en revient à jamais changé…
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Du hauts des palais, des cariatides veillent… face au ciel que le soleil a transformé  en chape de plomb… immobiles ils observent la vie à leurs pieds… où, dans l’ombre, sourde le cri des âmes errantes… à la recherche du bonheur dans un rayon de soleil…

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Le soir est tombé… un coup de balai devant le Tabacchi… et le petit chien sort son maître en laisse… la vie comme partout semble-t-il
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Trois pigeons blancs guettent le coucher du soleil… un dieu, d’un certain âge, auquel les ronces poussés lui forment une couronne… l’œil désabusé et fatigué, la lèvres inférieure tombante, à force de prodiguer sa mansuétude… contemple ses créatures… d’un œil livide et désabusé…
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à genoux, mécréants et ingrats, pécheurs invétérés…à genoux, cela vous ira encore le mieux, pour vous faire pardonner vos péchés, vous les hommes ingrats se roulant dans la luxure de votre linceul ! à genoux ! Vous dis-je !
 
Œil von Lynx Palermo  1juin 2013

samedi 18 mai 2013

Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta...Volet Nr.1


 

Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta... Volet Nr. 1

 

La première fois que je vis Palerme… Volet Nr.1
Das erste Mal als ich Palermo sah… Volet Nr.1
(Français/Deutsch)N

 

1 Ankunft in Palermo… die erste Nacht…
 Palermo - La Sicile

 Palermo, eine  geheimnisvolle stolze Stadt wo der Barock gestikuliert, wo alte herrliche Paläste, fast vergessen, schlummern, aber noch selbst als  glorreiche Ruine von einem Zeitalter zeugen, als  sie von  berühmten Architekten für die große Aristokratie von Palermo erbaut wurden.! Zeit der großen aristokratischen Familien, der Beati Paoli, Prinzen und Könige aller Kulturen!

 
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Palermo, durch viele Kulturen  beeinflusst, von der Griechischen, Byzantinischen…   über die Arabische und den Normannen; hier herrschten sie alle und gingen wieder… hinterließen Ihre architektonisches Können, Schätze und wertvolle Blickpunkte, welche heute, endlich,  teilweise wieder im alten Prunk, restauriert sind!

Vom zweiten Weltkrieg zerstört, oder von der sich zurückziehenden Aristokratie verlassene verfallene Paläste… so leiden noch viele Bezirke der Altstadt, versuchen sie, ihre noch blutenden Wunden in den Trümmern zu verstecken.

 

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Palermo, diese Stadt habe ich in mein Herz geschlossen, für immer, oft besuchte ich sie… wie eine verlassene Heimat… wo mich die Sehnsucht hinzieht!

Palermo hat mich dazu inspiriert, hier einige Artikel zu schreiben!

Der Rhythmus und Puls dieser Stadt geht nicht ohne Bewunderung vorbei…

Palermo hinterlässt viele Spuren, großartige Spuren, versteckte Paläste, geschwiegen Worte und Geschichten, blinde Sehenswürdigkeiten und hellhörige Stürme… vom  heißen afrikanischen Wüstensand, dem Sirocco, herübergetragen… („la camera del sirocco“ a été aménagé où se réfugient les palermitains)…… Ein ewiges Lächeln und heiße Tränen, Mord und Totschlag... Engel mir gebrochenen Flügeln; Noch stehen sie hoch auf den Palästen, neigen sich tief dem Besucher zu, ehrfürchtig grüßt er ihr Erscheinen, lässt sich zu den Orten leiten, wo sie gesungen haben… in barocken Kirchen, und endlich in Marmor und Gold verewigt sind auf alle Zeiten…

 

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N’oubliez pas les préliminaires…

 

Le voyageur étranger ressent une certaine ambiguïté dans ce beau pays… ce paradis où fleurit l’oranger… évoquant l’Orient… Un sentiment d’orgueil où perce la fatalité d’une destinée qui accable le sicilien sur son île somptueuse, entourée d’une mer immense, de couleurs de toute beauté, de parfums envoûtants et de femmes magnifiques aux yeux de perles noires… et au regard de feu…

 
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Est-ce un paradis ambigu et enfer assuré ? Palerme porte son auréole de sacralité comme ce luxe prédominant de ses jardins, regorgeant d’eau… sa terre fertile où grandissent des orangers, des grenadiers, et toutes sortes d’arbres fruitiers. Ses sources d’eau délicieuse, créent un délice de verdure qui ferait réjouir les cœurs les plus mélancoliques et les plus tristes !

 
Palermo, appelée jadis, sous le règne de Roger II, la plus vaste et la plus glorieuse métropole du monde… elle en témoigne encore et toujours !

 

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Santa Rosalia
 Légendes et superstitions font partie de l’âme sicilienne. La procession de la sainte Rosalie en juillet… la plus fêtée, vénérée et adulée. Sainte Rosalie, jeune aristocrate palermitaine, qui se retira dans une grotte du Monte Pellegrino où elle mourut en 1166 après une édifiante vie de pénitence et de chasteté.

 
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Lorsque nous disons Sicile, nous évoquons des plages dorées, un peuple altier et hospitalier qui possède la fierté des anciens guerriers, et pourtant....

Habitudes simples et respect des traditions sont ici une loi non écrite… c’est l’attention portée à la substance des choses plus qu’à leur apparence. Voyages au pays des lumières “brûlées”.

 
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Palerme, c’est d’aller à l’aventure, sans itinéraire, sans vouloir établir un ordre, qui serait agir en contresens de cette ville qu’il faut découvrir avec ses émotions, sentir, regarder et entendre, tout un univers mystérieux à “affronter”.

 
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Palerme veut dire; flâner dans les ruelles, se faufiler dans un de ses somptueux palais, fût-il en ruine, ou somnoler près d’une fontaine pour une rêverie, et repartir, ressourcé, selon votre cœur, à la prochaine découverte… et la femme sicilienne, sûre de son charme de son pouvoir, mais discrète des yeux séduisant elle aime…  la donna, elle est cet idéal de beauté et de pureté rêvé, vénérée et presque redoutée, car les jeunes siciliennes aiment séduire et jouent de leur charisme, en alliant cette image sacrée et une grande sensualité en même temps…

 

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On n’oublie pas Palerme, c’est impensable. Tant d’impressions puissantes vous y attachent, remplissent vos rêves, vous invitent à y retourner et déclenchent une nostalgie, lorsque vous vous trouvez loin d’elle ! On y recueille de la magie. Cette une ville épicée et poétique, généreuse et amoureuse. Ville d’une éternelle volupté qui cultiva un certain goût pour les mystères et les intrigues dont elle a laissé des traces, pour vous qui êtes venu. …. en découvrir les énigmes… 

 
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Palerme encore, où on vous donne le bras si l’on est égaré, comme à un aveugle pour le remettre sur son chemin.

 

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Palerme est un mariage entre l’Orient et l’Occident dont l’histoire est inscrite sur ses murs, que vos yeux étonnés vont baiser de leur regard reconnaissant.

Ici  se reflète le début  de toute l’histoire de la Sicile et son évolution depuis que les envahisseurs de toutes les cultures l’ont marqué ; les Phéniciens, Grecs, Romains, Arabes, Normands et Espagnols ont successivement dominés cette île du monde méditerranéen. Ils y ont laissé leur empreinte et traces impérissables construisant les plus beaux  monuments, palais et églises, qu’aucun cataclysme n’a réussi  à effacer !

 

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Pourtant, quelque chose attire irrémédiablement votre regard, c’est le baroque omniprésent !... il est l’aboutissement de l’œuvre des jésuites du Basque Ignace de Loyola, une conséquence de la réforme de l’église catholique qui a vu ses lieux de culte désertés par les croyants.

 
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Ignace de Loyola à la tête de la Compagnie de Jésus en 1540 y a remédié ; il faillait du grandiose, du beau, de la solennité à travers de l’architecture… de la sculpture et de la musique même (Scarlatti) tout a dû être réinventé et le destin lui a donné un coup de pouce avec le  terrible séisme survenu en 1569 et 1693 détruisant plusieurs villes, comme Noto, Ragusa et Avola, Sicli Modica jusque Palerme, Bagheria et Trapani ; alors… le baroque a connu son apogée avec  des hommes de l’art, architectes, sculpteurs et peintres, tous les efforts confluèrent vers la réalisation des plus beaux monuments, avec  les plus grands architectes comme G.B.Vaccarini originaire de Palerme (1702-1769) puis G.Amato de Palerme aussi, R. Gagliardi de Syracuse 1680 -1726 qui a reconstruit Noto Ragusa et Modica !

 

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Le grand Serpotta s’occuper de nous laisser des chefs-d’œuvre de sculptures 1652-1732  et M. Merisi 1573-1610 dit le Caravage nous étonne avec ses peinture luxurieuses et notamment une des plus connues, « l’enterrement de sainte Lucie » !

 

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Puis le Baroque s’imposait partout, terminées les lignes  statiques,  toutes les colonnes  se tordaient, l’équilibre des formes se transformait, fini le repos de l’esprit, tout devenait vivant, les statues de marbre en extase rajoutaient à la présentation théâtrale un foisonnement délirant du décor avec des angelots en folie, de tètes grotesques, les saints et les martyrs renaissaient de leur stupeur, poussant à son extrême le baroque omniprésent… 

 

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Palerme, ville de ma ville, ville de ma vie, qui emplit mon cœur de joie ou de souffrance quand je suis loin. J’ai besoin de toi, je ne pourrais survivre sans ton souffle, sans ton rire, sans tes larmes.Tu m’as envoûté la première fois quand tu as daigné m’accueillir… venu de mon pas hésitant, heureux de te rencontrer, un peu effrayé, me sentant mal devant ta grandeur, tes splendeurs étalés à tes pieds  auxquels je me suis jeté.

 

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Tu m’as relevé, généreusement, avec magnanimité pour m’offrir ton cœur, nous avons fait connaissance, bavardé, passés des instants inoubliables, heureux de cette rencontre. Tu m’as montré les trésors cachés en ton sein, tu as ouvert les portes de tes palais. Tu m’as mis en garde, tu as su me rassurer, tu m’as rendu heureux.

 

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Jamais plus je ne pourrais vivre sans toi, ma belle. Les nuits, dans mes rêves j’arpenterais tes rues noires et sombres de mystère, le jour, j’irais à l’encontre de ton soleil, me laissant épanouir et m’imprégner de tes rayons bienfaisants, quand tu m’emmène à la mer… à travers la ville, fondre mon regard sur les lointains horizons au-dessus des vagues, où les mouettes dessinent en riant des paraboles dans ton ciel chaud, éclaboussant.

 

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Les volets de ma fenêtre s’ouvriront sur la Via Maqueda… prochainement.

 

Œil von Lynx Palerme -19/05/2013 fin volet 1

vendredi 3 mai 2013

Trapani - La Sicile… les Mystères de Trapani… la procession du Vendredi Saint

 
 
 
Trapani - La Sicile… les Mystères de Trapani… la procession du Vendredi Saint
 
 
1
  
Lorsque la pierre, chauffée à blanc, de l’église du Purgatoire lance ses premiers étincelles, dû au feu infernal qui la ravage intérieurement, les fidèles, amassés devant l’édifice rouge, tombent à genoux… le grand portail s’ouvre enfin et laisse apparaître le premier groupe de statues de la procession du Vendredi Saint ; les Mystères de Trapani !
 
 
 
Cette tradition séculaire date du XVI siècle et de la domination espagnole. Chaque Vendredi Saint, des hommes, les « misteri », renouvellent la passion et la mort de Jésus-Christ par une procession grandiose et solennelle…
 
3
 
Grands ou petits… en colonnes sombres ils avancent solennellement.
 
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Durant des heures, les 20 groupes de statues sont portés sur de solides épaules des fidèles dans les rues, au rythme lancinant des fanfares. Cette impressionnante manifestation entre religion et folklore anime la vie trapanaise encore… et à laquelle participent les musiciens et tous les habitants de la ville.
  
 
 
De superbes chars, somptueusement décorés, représentant différents épisodes de la passion du Christ, animés par les corporations de la ville… des statues fabriquées et peintes par des artisans sont d’un réalisme stupéfiant ! Une vraie curiosité de la ville de Trapani.
La procession part de l’église du Purgatoire le vendredi dans l’après-midi, et durant toute la nuit, traverse une grande partie de la ville ancienne…
 
 
Des fidèles perchés sur leur balcon suivent passionnément du regard le cortège…  jetant parfois des pétales de fleurs blanches sur l’autel aux images pieuses et les saints…


 
Trapani a une très longue histoire qui mérite d’être rappelée. Cette ville très ancienne, nommée par les Grecs «  Drepanon », fut ensuite phénicienne, puis une base carthaginoise lors des guerres puniques, romaine en 214 avant J.-C. Vinrent les Vandales en 440 après J.-C… sujette des Byzantins et Sarrasins en 477… puis tombe aux mains des Musulmans en 830, sous lesquels la ville prospère. Les Normands prennent la relève en 1077… puis, sous les Arabes, Trapani connut sa plus haute apogée et épanouissement, développe son activité maritime et l’artisanat de l’orfèvrerie.
 
 
Aujourd’hui il reste très peu de trace de son ancienne splendeur et de toutes ces civilisations passées, car la ville fut gravement touchée  par les bombardements en 1943 ! Qui parle de civilisation… parle de guerre !
 
8
Le silence règne encore comme une fièvre silencieuse. Le grand portail de l’église fermé, s’impatiente de s’ouvrir fièrement pour laisser apparaître les saints figures perchées sur leurs chars … que la foule, massée devant  l’édifice de l’église et dans les ruelles atténuantes, attend… le cœur battant…
Tous attendaient le départ du  cortège de l’autel et des statues portées sur les épaules douloureuses des hommes de Trapani… sur lesquelles ils pèseront lourdement !
 

9
C’est plus qu’un évènement, cette procession, les jours de Pâques, devient une passion et enflamme les âmes sous un ciel encore gris et éventé… traversé par les cris des mouettes au-dessus la mer… si proche…

 
 
 
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 Chaque année les saintes figures, dans leur magnificence et leurs parures baroques sont portées à travers la ville par des rues différentes…  Le Christ et la vierge Maire… pour se joindre  à un certain endroit… en triomphe, puis pour revenir ensemble dans  l’église du départ où ils furent entreposés à cet effet.

 

 


13 
Quand le portail de l’église s’ouvre et qu’apparaissent les premiers groupes de statues, l’orchestre les accueille… Une fanfare aux sons grave et joyeux s’aligne  au cortège qui se mettra en branle… une foule noire en marche s’y joint, impressionnante, suit les instruments étincelants au rythme pénétrants. Trombone, cors et trompettes… bravent le vent… venu de la mer.

 
 
Voici ce cœur,
Il est mien.
Je l’offre,
Généreuse,
De toute mon âme… 
 

Tu es mon rêve
Et ma souffrance.
Ta joie m’est
Un poignard au cœur.
Je meurs chaque jour.
Chaque nuit j’ai peur.
Quand tu ris, je pleure
Sans cesse de ton bonheur.
Inconsolable est mon cri…

 

1

Sombre destin
Aux membres obscurs.
Le corps brisé
Et l’œil hagard.
D’un pas mesuré
Tu avances sur
Ton chemin ;
Au croisement
Tu seras arrivé,
Il n’y aura personne
Pour t’accueillir…

 

Le silence rode.
Les pensées jacassent.
Une lumière aveugle
Hante les murs sourds…

 

1

 
17
Tous s’emmêlent en transe, les mouvements des porteurs font trembler et s’incliner les saints au-dessus de leurs têtes… sur lesquelles des gens, penchés sur leur balcon, déversent des pétales de fleurs blanches, poussant des cris d’admiration.
La marche joyeuse et solennelle de l’orchestre fait vibrer les âmes des despotes  presque ’envoûtés.
 
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C’est une armée noire  pleine de compassion qui se compose d’hommes et de femmes…Tous affichent une expression grave, serein, leur visage reflète ce moment solennel pour eux, demütig
Pas un sourire, la joie est à l’intérieur au cœur même, transmise par les sons à l’oreille des fidèles…
 
1
 
L’impressionnant cortège poursuit son chemin à travers la ville tout l’après-midi ; tard dans la soirée, le retour vers l’église s’entame…

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La flamme des mèches lèchent déjà les mains petites… elles vacillent d’émotion, elles aussi… Elles vont s’éteindre dans un dernier souffle, fières d’avoir pu éclairer ces visages transis de  bonheur !

 
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Sur leurs épaules meurtries, l’équilibre de statues saintes reste précaire, tant elles  sont prises dans le mouvement de la foule au rythme de la musique… des sons graves et joyeux s’unissant pour guider les fidèles sur leur chemin….
 
2
La nuit a chassé le jour… la mer gronde aux porte de Trapani, elle n’est pas loin… lorsque le ciel s’ouvre une dernière fois pour se refermer sur les groupes de statues rentrés à l’église…
Une tradition que les gens poursuivent avec une ferveur ardente et passion chaque année !

 
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Et lorsque la nuit venue… se jette sur le jour déclinant, le ciel se déchire une dernière fois laissant passer un rayon noir de lumière. Les saints regagnent l’église, leur point de départ !

 
2
 
Le lendemain… sur les rivages de Trapani… les pèlerins, aveuglés par  un soleil de plomb, se reposent des fastes de la veille…

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L’agneau pascal, délicieusement préparé avec de la pâte d’amande, l’air innocent, attend, angoissé, vos longues dents… vous les vampires !

 
 
 
Un regard farouche....
 

Œil von Lynx- Trapani  03/05/2013 N