Trapani - La Sicile… les Mystères de
Trapani… la procession du Vendredi Saint
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Lorsque
la pierre, chauffée à blanc, de l’église du Purgatoire lance ses
premiers étincelles, dû au feu infernal qui la ravage intérieurement, les
fidèles, amassés devant l’édifice rouge, tombent à genoux… le grand portail
s’ouvre enfin et laisse apparaître le premier groupe de statues de la procession
du Vendredi Saint ; les Mystères de Trapani !
Cette tradition séculaire date du XVI siècle et
de la domination espagnole. Chaque Vendredi Saint, des hommes, les « misteri »,
renouvellent la passion et la mort de Jésus-Christ par une
procession grandiose et solennelle…
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Grands ou petits… en
colonnes sombres ils avancent solennellement.
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Durant
des heures, les 20 groupes de statues sont portés sur de solides épaules
des fidèles dans les rues, au rythme lancinant des fanfares. Cette
impressionnante manifestation entre religion et folklore anime la
vie trapanaise encore… et à laquelle participent les musiciens et tous les
habitants de la ville.
De
superbes chars, somptueusement décorés, représentant différents épisodes de la
passion du Christ, animés par les corporations de la ville… des statues
fabriquées et peintes par des artisans sont d’un réalisme stupéfiant ! Une
vraie curiosité de la ville de Trapani.
La
procession part de l’église du Purgatoire le vendredi dans
l’après-midi, et durant toute la nuit, traverse une grande partie de la ville
ancienne…
Des
fidèles perchés sur leur balcon suivent passionnément du regard le cortège… jetant parfois des pétales de fleurs blanches
sur l’autel aux images pieuses et les saints…
Trapani
a une très longue histoire qui mérite d’être rappelée. Cette ville très ancienne,
nommée par les Grecs « Drepanon », fut
ensuite phénicienne, puis une base carthaginoise lors des guerres puniques,
romaine en 214 avant J.-C. Vinrent les Vandales en 440 après
J.-C… sujette des Byzantins et Sarrasins en 477… puis tombe aux
mains des Musulmans en 830, sous lesquels la ville prospère. Les Normands
prennent la relève en 1077… puis, sous les Arabes,
Trapani connut sa plus haute apogée et épanouissement, développe son activité
maritime et l’artisanat de l’orfèvrerie.
Aujourd’hui
il reste très peu de trace de son ancienne splendeur et de toutes ces
civilisations passées, car la ville fut gravement touchée par les bombardements en 1943 ! Qui parle
de civilisation… parle de guerre !
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Le silence règne encore comme une fièvre
silencieuse. Le grand portail de l’église fermé, s’impatiente de s’ouvrir
fièrement pour laisser apparaître les saints figures perchées sur leurs
chars … que la foule, massée devant
l’édifice de l’église et dans les ruelles atténuantes, attend… le cœur
battant…
Tous attendaient le
départ du cortège de l’autel et des statues portées
sur les épaules douloureuses des hommes de Trapani… sur lesquelles ils pèseront
lourdement !
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C’est
plus qu’un évènement, cette procession, les jours de Pâques,
devient une passion et enflamme les âmes sous un ciel encore gris et éventé…
traversé par les cris des mouettes au-dessus la mer… si proche…
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Chaque
année les saintes figures, dans leur magnificence et leurs parures
baroques sont portées à travers la ville par des rues différentes… Le Christ et la vierge Maire… pour se
joindre à un certain endroit… en
triomphe, puis pour revenir ensemble dans
l’église du départ où ils furent entreposés à cet effet.
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Quand le portail de
l’église s’ouvre et qu’apparaissent les premiers groupes de statues, l’orchestre les
accueille… Une fanfare aux sons grave et joyeux s’aligne au cortège qui se mettra en branle… une foule
noire en marche s’y joint, impressionnante, suit les instruments étincelants au
rythme pénétrants. Trombone, cors et trompettes… bravent le vent… venu de la
mer.
Voici ce cœur,
Il est
mien.
Je
l’offre,
Généreuse,
De toute
mon âme…
Tu es mon rêve
Et ma
souffrance.
Ta joie m’est
Un
poignard au cœur.
Je meurs
chaque jour.
Chaque
nuit j’ai peur.
Quand tu
ris, je pleure
Sans
cesse de ton bonheur.
Inconsolable
est mon cri…
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Sombre destin
Aux
membres obscurs.
Le corps
brisé
Et l’œil
hagard.
D’un pas
mesuré
Tu
avances sur
Ton
chemin ;
Au
croisement
Tu seras
arrivé,
Il n’y
aura personne
Pour t’accueillir…
Le silence rode.
Les
pensées jacassent.
Une lumière
aveugle
Hante les
murs sourds…
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Tous s’emmêlent en
transe, les
mouvements des porteurs font trembler et s’incliner les saints au-dessus de
leurs têtes… sur lesquelles des gens, penchés sur leur balcon,
déversent des pétales de fleurs blanches, poussant des cris
d’admiration.
La
marche joyeuse et solennelle de l’orchestre fait vibrer les âmes des
despotes presque ’envoûtés.
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C’est une armée
noire pleine de compassion qui se compose d’hommes et de
femmes…Tous affichent une expression grave, serein, leur visage reflète ce
moment solennel pour eux, demütig
Pas un
sourire, la joie est à l’intérieur au cœur même, transmise par les sons
à l’oreille des fidèles…
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L’impressionnant
cortège
poursuit son chemin à travers la ville tout l’après-midi ; tard dans la
soirée, le retour vers l’église s’entame…
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La flamme des
mèches
lèchent déjà les mains petites… elles vacillent d’émotion, elles aussi… Elles
vont s’éteindre dans un dernier souffle, fières d’avoir pu éclairer ces visages
transis de bonheur !
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Sur
leurs épaules meurtries, l’équilibre de statues saintes reste précaire, tant
elles sont prises dans le mouvement de
la foule au rythme de la musique… des sons graves et joyeux s’unissant pour
guider les fidèles sur leur chemin….
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La nuit a chassé le
jour… la mer
gronde aux porte de Trapani, elle n’est pas loin… lorsque le ciel s’ouvre une
dernière fois pour se refermer sur les groupes de statues rentrés à l’église…
Une
tradition que les gens poursuivent avec une ferveur ardente et passion chaque
année !
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Et
lorsque la nuit venue… se jette sur le jour déclinant, le ciel se déchire une dernière fois
laissant passer un rayon noir de lumière. Les saints regagnent l’église, leur
point de départ !
Le
lendemain… sur les rivages de Trapani… les pèlerins, aveuglés par un soleil de plomb, se reposent des fastes de
la veille…
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L’agneau pascal, délicieusement préparé avec de
la pâte d’amande, l’air innocent, attend, angoissé, vos longues dents… vous les
vampires !
Un regard farouche....
Œil von Lynx-
Trapani 03/05/2013 N
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