Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta... Volet Nr. 4
Entrelude...
Vous
voulez être conservé après votre trépas ? Alors… laissez votre corps aux
mains d’un embaumeur qui le dépouille de ses viscères et le fait sécher ensuite
pendant quelques mois au cloître sur des briques consentantes. Après cette opération on vous rhabille avec
vos plus beaux vêtements, et on vous conduit aux Cappuccini… épinglée
sur votre poitrine, vous porterez une
étiquette indiquant votre nom, l’adresse et la date de votre décès… Cela
permettra à vos chers de vous reconnaître encore longtemps après que le
temps aura fait son œuvre, et les mites, repues de vos vêtements se sont engraissées.
Rien de grave tout cela… Vous garderez votre chapeau et votre sourire pour
l’éternité…
Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta... Volet Nr. 4
Le catacombe dei cappuccini... Die Kapuzinergruft (1)
(Français.Deurtsch/Italien)
1
Stupeur
générale…
OH…
que cela a l’air cruel !
Ils sont
debout ou couchés.
Les
belles momies desséchées.
Dans une
clarté aveuglante
Dont
l’ombre déjà l’âme hante.
La
tête inclinée aux orbites creuses,
Le
regard tourné vers l’intérieur,
Pour
bien marquer que tout se meurt.
Le crâne
rasé bien net, sans poil,
Où brillent
leurs pensées abyssales…
Corridoio
principale:
reparto uomini mummificati
reparto uomini mummificati
Le
corps est pris dans ses habits
Qu’il
portait déjà pendant la vie.
Les
femmes, charmantes, ne renoncent jamais
Toujours
coquettes avec des roses séchées…
Une
robe flétrie, un chapeau garni
De
dentelles fines, à peine fleuries…
Le geste
pâle ornemental
Indique
encore l’amant vassal.
Une
main tremble, perd son bouquet,
Un fil
de fer à peine le retient.
À force
de vivre dans l’au-delà,
La
bouche se tord et se détraque…
Parfois
un sourire illumine le visage,
C’est
sûrement de celui qui ne fut pas sage…
Les
aventures déjà lui manquent,
Des
jolies femmes encore le hantent ;
Qu’autrefois
il possédait (et chérissait),
Et que
plein d’extase il embrassait.
L’amour
fut sa vie entière…
Maintenant
il est seul sous terre. .
C’est
dimanche, la famille
Rend visite
à toutes ses chairs,
Honorant
grand-mère et dieu le père…
On leur
raconte de nouvelles fraîches,
Sans
oublier ceux qui pèchent…
Les membres aussi
sont tous revus ;
Un bouton
à la veste est recousu,
Un poil sur
le crâne repoussé.
Le
costume brossé et raccommodé.
Les
chaussures cirées et astiquées.
Ainsi le
mort affronte le temps
Sous un
aspect fort élégant…
La
visite donne faim et soif aussi,
Même si
l’on pleure ou que l’on rit !
Vite…
Du panier emporté
Le pique-nique est déballé.
Adultes
et enfants ont toujours faim
En face
des morts qui n’ont rien…
Nonchalants,
ils
ricanent,
Les trépassés
à la paille arrachée…
La tête
inclinée, comme souriant,
Les bras
ballotant, les jambes flottantes.
De jour
comme de nuit bien accrochés,
Ou dans
des caisses allongées,
Ils
rêvent d’une vie bien plus noire qu’avant,
Ou le
contraire… justement.
Les
Cappuccini sont célèbres.
Ils vous
attendent,
Pendant
qu’ils se tordent,
Redressant
leurs vertèbres…
Esquissant
un sourire pour vous accueillir.
Se font
épousseter leur froc, ce gris costume,
Pour
être nets et pimpants, c’est la coutume.
Ils se
tiennent droits pour vous saluer
Et pour
vos compliments vous remercier !
Ne
partez pas sans dire au revoir,
Vous
reviendrez, le jour viendra.
Ce sera
une fête bien éternelle,
Plutôt
dans la joie et sans querelle.
Sagement
aligné, vous obtempérez
Dans
cette longue et drôle allée.
Vous
seriez raide et souriant,
Et dieu
sera votre seul amant…
Œil von
Lynx Palermo chez les Cappuccini
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