lundi 29 décembre 2014

Hommage à Jean-Eugène Bersier



Hommage à Jean-Eugène Bersier,
peintre et graveur français (né le 8 juin 1895 à Paris et décédé à l’âge de 85 le 23 octobre 1978)  qui fut mon premier professeur dans l’atelier de gravure et eau-forte à l’école Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Celui qui m’enseigna et m’apprit la technique de la gravure à l’eau forte et au burin, la plus  difficile ! Lorsqu’en 1962 je m’inscrivis dans son atelier, je fus fortement impressionné par cet homme à l’allure imposante et grave mais souriant, un homme où perçaient le savoir et l’expérience ; l’on dirait aujourd’hui un homme charismatique, car tel il le fut.
Enfoncé majestueusement dans son énorme fauteuil au milieu de l’atelier (on eût dit un personnage baroque sorti d’un roman de Zola et croqué par Honoré Daumier) d’où il regardait ses élèves travailler donnant des conseils et surveillant nos progrès, il m’accueillit chaleureusement, regarda mon dossier de dessins qu’il approuva avec un hochement de la tête et, avec un regard malicieux, me posa cette question énigmatique dont (en ce temps de mon innocente jeunesse)  je ne saisissais pas encore très bien la portée et la signification: « Avez-vous de l’argent ? » Je ne sais plus ce que je lui ai répondu ; à vrai dire j’ignorais s’il eût mieux valu qu’un « rapin » apportât une bourse bien remplie, disposant  d’une certaine aisance pécuniaire… pour prétendre entamer la carrière d’artiste peintre, au lieu de se jeter les yeux fermés dans ce chemin parmi ces meurt-de-faim, ces barbouilleurs comme ils étaient considérés et méprisés. Juste bons  pour donner du piment à la belle littérature dont on étoffait les pages, et dont on entretenait les lecteurs avides de romantisme et de sensations (comme ce fut le cas des Impressionnistes).
Mais mon inscription dans son atelier était faite, ma demande approuvée, et dès lors je travaillais avec assiduité la gravure… changeant plus tard d’atelier pour la lithographie, et pour me consacrer à la peinture.
Jean-Eugène Bersier,  revenu de la guerre et blessé, appartenait au Front National des Arts… il fut connu pour sa période algérienne où il peint des paysages… plus tard il publia une étude sur « L’histoire de la gravure » aux éditions Berger-Levrault en 1947, suite à la publication du livre « La lithographie en France de 1920 »… En 1950 il revient à l’école des beaux-arts d’Alger, puis fut appelé à l’école des beaux-arts de Paris afin d’y enseigner l’histoire et la technique difficile de la gravure.
Je garde un souvenir chaleureux de cet homme rayonnant dont émanait une bienveillance particulière, et qui, avec l’expérience du temps parcouru et de son âge, savait juger d’un œil lucide l’évolution des tendances de l’art, sans jamais perdre le sens critique nécessaire à son accomplissement nous guidant au-delà des tolérances académiques établies !
Lors d’un séjour en Allemagne, pendant les vacances d’école, je recevais une longue lettre de lui, accompagnée d’une  magnifique petite gravure de sa création… annotée de plusieurs mots de cette langue dont il possédait quelques notions…  quelle gentillesse et  générosité émanaient de cet homme !
J’aimerai ici publier cette gravure, une eau-forte exécutée avec une grande délicatesse; épreuve d’artiste signée de Jean E.Bersier


Jürgen Ehre -Paris 28/12/2014

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