mardi 13 novembre 2012

El Greco - sa peinture- une vie – Tolède


Museo Casa del Greco - Tolède

Samuel Levi s/n, 45002 Toledo
22.05.2011
El Greco - sa peinture- une vie – Tolède



Dans le visage
Peu de sang,
Dans les yeux
Beaucoup de nuit
.

Nel viso poco sangue,
negli occhi molta notte.

Im Antlitz wenig Blut,
in den Augen viel Nacht
...



Le christ crucifié:
Des cris qui fusent vers le ciel…..
Le drame est dans le ciel qui désespère de la terre comme il est dans l'agonie du sauveur, la lumière livide d'orage, le décor de fin du monde
.


Le christ en croix:
Démesurément allongé, à la tête byzantine. Avec la vierge et Saint Jean au pied de la croix. La tête de la vierge est couverte d'une mante qui ne révèle qu'un triangle de son visage douloureusement contracté. Sa main est levée en un geste étrange, elle semble se poser sur le cou de Saint Jean, avec ce tâtonnement des êtres très éprouvés qui se raccrochent à quelques chose, à quelque chaleur humaine pour ne pas chavirer, geste unique peut-être dans toute l'iconographie chrétienne.



De l'autre côté de la croix s'étend la vue de Tolède, spectrale comme un fantôme qui hante les abords de la nuit; sur un chemin escarpé qui contourne al ville, galopent des cavaliers sur des chevaux blancs, eux aussi spectres nés de l'ombre.



Le christ en croix est seul avec la nuit.
L’éclairage livide estompe son corps ;
Efface ses contours tremblés,
Il n’est plus qu’une coulée de lumière
Que la nuit est déjà prêt à engloutir.
Mais ce corps ne pend pas inanimé,
Il n’est pas prêt à l’ascension,
Il se tord sur la croix
Comme s’il voulait se détacher
dans un sursaut désespéré;
Il rejette la tête vers le ciel ,
Les yeux exorbités, la bouche ouverte
Découvrant les dents,
Rictus des mourants
Qui ont beaucoup de peine à quitter la terre.
Avec ce tâtonnement des êtres
Très éprouvés qui se raccrochent
à quelques chose, quelque chaleur
Humaine pour ne pas chavirer…



De sa palette, El Greco,
Dépense à profusion
Les tons les plus précieux ;
Or pale et argent,
Du rose mourant,
Reflets de nacre,
Orient de perles…
Le tout est sacré.



Rarement un saint a été aussi débordé
Par la pitié avec son regard brûlant,
Et la tête qui s’incline.
Visage exsangue
Comme se fanent les fleurs ;
Comme si toute couleur l’avait fui,
Laissant des reflets satinés
Sur la peau tendue.
Un visage dans un éclairage lunaire,
Qui se dégage, spectral,
Du nuage sombre des cheveux ;
Les mains faites de la même matière lunaire.



La vierge :
Au milieu d’un espace indéfini plane la vierge, tel un nuage agité à la matière duquel s’apparent sa robe lumineuse. Ses bras écartent son ample mante de charité mais ses mains qu’on dirait lasses retombent.



Et la mante s’ouvre d’elle-même, selon les lois de cet univers du Gréco où les corps des saints, les étoffes et les nuages ont même consistance et même poids. Sur ce corps étiré éclot un petit visage, beaucoup plus petit qu’une des mains abandonnées, dont les traits sont les plus étranges sous lesquels un humain pourrait rêver la Mère de Dieu.



Un visage de rêve en effet,
à la fois présent et estompé,
Large d’en haut, aux yeux mi-clos bombés,
Et finissant rapidement sur un menton effilé.
Une larme s’est-elle échappée
Sous la lourde paupière.
Pour s’arrêter au bord des cils ?
La bouche s’est-elle entrouverte
Dans une plainte, ou dans un sourire ?
La lumière chez le Greco se fait drame !
Une inquiétude semble se lever en elle, se heurter entre ombre et lumière, une violence morcelée en grumeaux de matière rayonnante ou opaque.. la vive lumière céleste.

Laocoon :



Un thème mythologique, évoqué par le Greco, Une composition sculpturale, des corps soudés dans leur étreinte d’angoisse, rivés par les anneaux du serpent en une terrible unité.



Les protagonistes d’un drame commun sont aussi isolés que possible, chacun d’eux est seul devant son destin, évitant les autres même du regard, en présence des dieux, spectateurs à peine intéressés, ou qui, comme le fait Diane, détournent les yeux…



Le ciel mouvementé est soumis au même rythme que celui qui régit les corps des hommes ou les replis du terrain, comme s’il reflétait dans le formation des nuages les courbes contrariées des bras et des jambes repliés.



Tolède :

La vue de Tolède est d’une étrange audace. Elle monte comme portée par le dos d’une vague. Les collines s’apparentent en effet à des vagues avec leurs creux d’ombres et leur transparence de lumière sur les crêtes, la pierre des édifices semble une écume qui verdit dans l’ombre et se pare d’un liséré lumineux. La vue de Tolède est en devenir, elle se fait et se défait sous les yeux, le vert lumineux de ses collines monte à l’assaut d’un ciel tragique ; repoussé par ses ombres, il reflue et jaillit de nouveau… quelque part dans la déchirure d’un nuage une lumière a filtré et remporte la victoire dans le drame qui est en train de se jouer.



L’ouverture du cinquième sceau
 :
Une vision d’apocalypse, le grand jour de la colère s’est levé sur le monde. Saint Jean l’annonce dans son extase de prophète, il est l’éruption d’une force capable de pénétrer l’épouvante de l’avenir.

Saint Jean tombe à genoux,
Les deux bras levés au ciel,
Les mains s’ouvrant,
Paumes tournées vers l’extérieur,
Un jaillissement impétueux
De lave en pleine ébullition,
Couronnée de langues de feu


… et finissant par les flammèches des doigts qui ne cessent de vibrer. La tête n’est plus qu’un ovale basculé ; trous du regard, trous des narines, bouche arquée autour d’un gémissement.



Le Prophète voit se lever
Ce jour d’épouvante,
Où les sépulcres de la terre
Se sont ouverts pour le monde
Pour délivrer les martyrs
Dans un rêve hallucinant,
Comme une marche dans l’ombre
À travers le brouillard
Où l’on heurte les spectres
De tout ce qui n’a pas été,
Vains tourments, regrets,
Rappels lancinants de tout ce
Que la vie refuse
Et à jamais refusera
.



La vision apocalyptique du Greco...



Domínikos Theotokópoulos, dit El Greco, né en 1541 (?) en Crète à
Candie (alors protectorat de la république de Venise), aujourd’hui Héraklion, est un peintre, sculpteur et architecte grec de l’Ecole espagnole du XVIe siècle. El Greco est considéré comme le peintre fondateur de l’École espagnole. On ne sait rien de sa formation avant son arrivée à Venise, après 1566. Sans doute fut-il peintre d'icônes : à cette époque, en Crète, on pratiquait une peinture vénéto-byzantine dont il reprit parfois l'esthétique épurée.



El Greco séjourne de 1568 à 1570 à Venise, où il est décrit comme « disciple » du Titien – bien que El Greco n'utilise pas la même technique –, puis il est à Rome de 1570 à 1572 au service du cardinal Alexandre Farnèse. Son chemin l’emmène à Tolède en 1585 où il s’installe dans une maison prêtée par le Marquis de Villema. Il a beaucoup de commandes religieuses et privées et gagne beaucoup d’argent. Sa célébrité ne tarda pas à venir…etc.



Le Greco mourut à Tolède le 7 avril 1614, et fut enterré à Santo Domingo el Antiguo.

Œil von Lynx – Toledo 22 mai 2011

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire