jeudi 15 novembre 2012

Camille CLAUDEL à Montdevergues – Montfavet


Camille CLAUDEL à Montdevergues - Montfavet

Asyl de Montdevergues - Monfavet - Vaucluse, 84140 Montfavet
14.02.2012
 
Camille CLAUDEL à Montdevergues – Montfavet

Ou

Un amour plus triste que la mort…
Un hommage à Camille… une destinée

et… Honte à Paul Claudel!



L’asile d’aliénés de Montdevergues à Monfavet, Vaucluse 1913-1943



Camille Claudel, née le 8 décembre 1864 à Fère-en-Tardenois dans Aisne, morte le 19 octobre 1943 à Montdevergues, Vaucluse, fut une sculptrice, sœur du poète et écrivain Paul Claudel. Sa vie a basculé après sa relation amoureuse avec Rodin dont elle fut l’élève et la maitresse ; internée en 1913 à l’asile d’aliénés de Montdevergues à Montfavet, elle y consomme sa triste destinée pendant trente ans avant de s’éteindre en 1943.

Voici, abrégée, sa vie :




Il est indéniable que l’intérêt du public se porte d‘abord sur l’histoire de la passion amoureuse entre Camille Claudel et Rodin, touché par le drame de la vie de Camille.. plus que sur sa sculpture, car les passions humaines se communiquent et se comprennent sans qu’il soit nécessaire d’y ajouter la parole…



Elle avait été très belle, paraît-il, très digne, avec quelque chose de noble, d’altier… une magnifique jeune fille dont son frère fit aussi le portrait dans ses écrits, parlant notamment de ses magnifiques yeux bleu foncés,… s’extasiait devant son front superbe… de sa bouche fière et sensuelle et de ses cheveux châtains en touffe puissantes qui lui tombaient jusqu’aux reins ; elle donnait une impression de courage, de franchise et de gaité ; une jeune fille venue à Paris, innocente, ignorant encore les artifices et pièges de la ville…mais ville fertile en promesses.. lorsqu’elle s’inscrit à l’atelier Colarossi … où elle ne tarda pas de rencontrer Rodin… et ce fut pour son malheur…



Sakountala
Mais d’abord quelle joie de pouvoir être dans le sillage du grand Maître August Rodin, inespéré pour elle qui fit naitre un espérance immense chez cette jeune fille qu’elle était encore.


Et lorsqu’enfin elle fut l’élève de Rodin, elle travailla avec acharnement pour s’accomplir, forger son talent qui n’attendait que d’éclore….ils sculptaient, travaillaient ensemble, il y eut de l’inspiration réciproque. Et puis l’amour s’y mêla … jusque ce que Rodin sentît une sourde appréhension devant la révélation du talent de Camille, capable de le concurrencer et de le dépasser !



Elle devenait en danger pour lui ; et Camille en était consciente aussi… et reconquit sa liberté avec tout ce que allait signifier pour elle ! La solitude d’abord, la misère, le doute, les hantises et les persécutions qui commencèrent et sous le poids desquelles elle finit par succomber.



« La folie » (plutôt un dépression sans gravité !) de persécutions commença son lent travail de destruction, lorsqu’ Camille se mit à détruire à coup de marteau toutes ses œuvres de l’année précédente… dont les débris furent enterrer quelque part. Et puis elle disparait pendant des mois sans faire signe de vie !… Un jour en 1913, dans la cour de l’immeuble rue de Bourbon dans son atelier on s’alarma…où régnait un incroyable désordre qui attira le regards des habitants … où elle s’y confond comme un fantôme, ne sortant presque plus, où les odeurs pestilentielles se répandaient… alors, sa famille, notamment son frère Paul Claudel, intervient… ; elle se laisse emmener sans un mot, et on l’enferma dans un asile d’aliénés à Ville-Evrard.



Camille n’est plus … ne crée plus, ne vit plus, elle mange, elle boit et dort… réduite à une vie de légume. Pourtant elle est tout à fait lucide ; son unique révolte consiste à ne plus sculpter ! Le génie a cessé, est anéanti, une fureur dévastatrice s’était emparée de Camille… Ainsi elle vécut encore pendant trente ans dans cette réclusion, morte à elle-même, elle a sombré dans une vie de glace et de neige d’où l’on ne revient pas.



Camille par Rodin

Cette passion, cet amour entre Camille et Rodin aura été violente et féconde à la fois, une véritable fusion dont l’art et la passion inspirent les œuvres, mais… combien difficile à vivre pour un couple d’artistes où parfois aussi la rivalité artistique et la jalousie s’y mêlent… des interférences auxquelles leur passion va se heurter d’ailleurs et leur tracera les limites d’entendement.


Camille n’avouera jamais à ses parents sa relation avec Rodin. Il est pourtant peu probable qu’ils ne l’eussent pas apprit. Elle fait figure de révoltée, d’insoumise, dans sa famille on l’accuse de braver les conventions … et on ne le lui pardonnera jamais.




Camille… victime d’avoir été une femme de génie entre deux hommes de génie à une époque où seuls les hommes avaient une chance de réussir, Camille relève le défi… car, la sculpture, considérée comme un métier d’homme à cause de la force physique nécessaire qu’il réclame.. Camille, à l’apparente fragilité, a eu du mal à être acceptée ou reconnue dans la société du XIXe siècle !



Camille la solitaire, la sauvage, n’a probablement pas eu la force d’affronter le monde extérieur, tel que Rodin savait le faire et travailler.



Paul le suffisant…
Son Frère Paul Claudel qu’elle adore, agit comme un amalgame entre eux, lui qui se consacre au théâtre et à la poésie où Camille sera toujours présente ! Dans la lumière de son frère Paul Claudel dont deux livres retiennent notre attention, deux drames ; « Tête d’Or » et « La Ville »,.. deux chef- d’œuvres certainement… et Rodin, son maître, connu déjà, célèbre et dont elle fut l’élève et la maitresse.



Camille, élève et artiste accomplie de Rodin s’inspire d’une vérité intérieure où rayonnent des émotions et où le sentiment illumine la matière… la source de l’expérience vécue de l’artiste ! Une œuvre simple comme une âme pure, intime… avec ses passions et ses déceptions. Le travail de Camille est une expression de son aventure intérieure et subjective…



Camille dans l’atelier de Rodin…
Camille, en allant jusqu’au bout de sa passion, fait partie des grandes figures romantiques, consommées par une passion amoureuse dont l’issue ne pouvait être fatale !



L’âge mûr….
Entre le rêve de l’amour… et celui de l’expression artistique, cette quête de vérité l’a mené inexorablement vers la solitude et de renoncement dont elle fut la victime ! Non seulement pour son talent mais pour sa passion et sa souffrance qui l’accompagnait et dont était imprégnée sa vie d’artiste… qui se cherche et qui s’accomplit… et sous le poids duquel elle succombe..



Le drame et les amours tourmentés avec Rodin ne furent pas étrangers à son destin fatal qui l’a conduit jusque l’asile ; Il faut préciser que cette triste décision arbitraire, cet arrêt de placer Camille dans une maison de santé, est venu de sa famille et particulièrement de son frère Paul Claudel qui signa l’internelment ! Une maison de santé, voulait dire en ce temps « asile » avec tout que cela evoque… et il serait aujourd’hui absolument inimaginable que le cas de Camille fût du ressort d’un hôpital ! D’ailleurs… il serait intéressant de l’évoquer, mais cela n’a pas sa place ici !
Le drame de Camille fut d’avoir tout misé sur Rodin, et elle perdit tout avec lui…



De son travail de sculpteur :


Le buste de Rodin, par Camille…est d’une poésie profonde et d’une exécution magistrale et
passionnante de son amante.



De ses sculptures ;



La valse

Camille Claudel possédait cet art infini pour rendre à la sculpture un mouvement de danse. La valse, une œuvre figée dans la pierre, les danseurs enlacés tendrement… la femme penchant sa tête adorablement sur les épaules de l’homme.. et.. ils tournoient lentement, les deux corps penchés, soutenus par la force de l’amour…et conduits par des ailes…Ainsi vont-ils s’abandonner éperdus dans l’ivresse de leur âme et de leur chair si étroitement jointes !



Palpitants de vie et déjà entourés d’une draperie qui bat comme un suaire !




La Clotho

Inextricable tant ses cheveux, tels des méandres de matière s’emmaillent autour de lui depuis sa tête pendent et descendent le long de ses bras… racines encore vivantes entremêlées farouchement…dont elle essaie de se défaire…



Camille Claudel avait, dans ses doigts magiques, le secret de la vie… qu’elle sculptait, comme si elle la dépouillait d’un lourd vêtement de ténèbres… pour le faire respirer et vivre !



Camille Claudel a travaillé modestement dans le silence, presque dans l’exil, en vouant sa vie toute entière à la sculpture, jusqu’au jour où les premiers rayonnements de la gloire sont tombés sur elle…bien tard, hélas !


De la matière elle faisait jaillir le mouvement de la vie, en perçait l’âme et libérait le souffle…même !

C’est cela qui l’a rendu grande et inspirée, le mouvement jusqu’au plus indicible détail qui n’échappe pas à un observateur averti,
Elle a saisi la vie à vif afin qu’elle restât vivante… à jamais, imprégnée de sa main d’artiste qui a su l’arracher à la matière, la faire vivre en quelque sorte..


C’est cela le génie de Camille Claudel, et elle y a mis tout son talent, son cœur, sa vie entière, voilà son mérite qui l’a rendue grande et célèbre… une gloire tardive que le temps lui a rendu !
Une vie à relire …pour ceux qui sont intéressés !



Persée et la Gorgone…la folie s’y mêle…
Internée à l’asile de Ville-Evrard en 1913



Au cours des années 1905_1913, Camille entre dans une longue nuit de silence… et dans un état dépressif au cours de laquelle elle détruira des certaines de ses œuvres… Elle se retire du monde, jusqu’à ce que sa famille, alarmée, la fasse placer dans une maison de santé…


Le 9 septembre 1914 Camille Claudel est internée…

Internée à Ville- Evrard d’abord, puis transférée dans le lointain asile de Montdevergues à Montfavet en Vaucluse… où son isolement fut renforcé, et où elle ne recevra jamais la visite de sa famille ni lettres aucune pendant trente ans, en dehors de son frère Paul !



Montfavet Vaucluse 1943
Le père de Camille, Louis -Prosper Claudel, meurt le 2 mars 1913 à l’âge de 86 ans ;
Le frère de Camille signe le certificat d’internement de sa sœur Camille ! (en connivence avec leur mère Louise),le 8 mars 1913 !
Le lundi 10 mars au matin Camille est internée de force à Ville-Evrard à l’asile des fous !
Paul Claudel, qui occupait déjà des hauts poste d’ambassadeur de France et nommé au consulat général de France à Francfurt-sur-Main, en Allemagne.



C’est donc bien son propre Frère Paul Claudel qui a condamné Camille, l’a fait séquestrer, par sa signature :
Monsieur Paul Claudel et nommé, en janvier 1921, ambassadeur au Japon, et le 17 février 1927 nommé à Washington ; Il rentre à Paris le 30 avril 1921 pour acheter le beau château de Brangues… style louis XIII, près du Rhône dans l’Isère, s’y installe avec sa famille et repart en Allemagne pendant que Camille sa sœur croupie déjà depuis sept ans dans l’asile et ce sera pour la vie!
Ce tendre Frère semble être parfaitement insensible, malgré l’aide pécuniaire qu’il lui accorde, et ne pense décidément qu’à se belle carrière … ou pire, Camille l’inspire pour écrire de si beaux textes et poèmes que nous lui connaissons ; le Poète de Tête d’OR, la sienne !



Camille se meurt de froid et de malnutrition, elle est parfaitement lucide (voir ses lettres) demande constamment que l’on la sorte de Montdevergues. Tout à fait lucide de son sort qui lui est réservé !
Elle reste séquestrée pendant 30 trente années innommables dans la fosse aux gens indésirables !
Honte à Paul Claudel !



Pendant que son charmant frère, le beau et bon Paul Claudel , … au hasard de ses congés diplomatiques, rend visite à sa sœur 12 fois en 30 ans pour marquer dans son journal de bord (1927) l’image de sa veille sœur Camille… avec son triste chapeau de paille perché sur son crâne et sa robe de toile jaune… déjà, le poète parle ! Très émouvant… pendant que Camille se jette dans ses bras en sanglotant (1925) ! Sa mère ne viendra jamais la voir !



Inhumée au cimetière de Montfavet, puis ses restes seront transférés dans une fosse commune à jamais, car malgré la demande de son frère afin d’obtenir qu’ils soient transférés dans le caveau familiale à Villeneuves, cette demande n’a jamais aboutie.


Pendant la guere, la malnutrition fit mourirr de milliers de malades…



30 ans enfermée et elle se révolte toujours ; elle ne sculpte plus.. jamais ! Elle attend sa mort, c’est sa dernière révolte !



Elle meurt à 80 ans, le 19 octobre 1943 à l’asile de Montdevergues à Montfavet …. dans cette cité de douleurs…dite « Maison de santé », ironie du sort, où elle consomme sa triste destinée depuis 30 ans



Honte à Paul Claudel !

Œil von Lynx – Montfavet 15/02/2012

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